Setouchi triennale 2016 – Takamatsu & Oshima

Dernier volet de ce voyage estival pour découvrir la triennale d’art contemporain 2016.
Les autres se trouvent ici :
Shodoshima
Teshima
Inujima
Naoshima
Ogijima & Megijima
portraits de Setouchi

Pour Takamatsu, nous nous sommes principalement baladés tout en cherchant les œuvres de Shinji Ohmaki, de Lin Shuen Long, de Julian Opie et de Jun Homma. Bien évidemment, les deux totems de Shinji Ohmaki m’ont beaucoup plu, surtout sur le fond d’un bleu parfait du ciel.
La ville a plusieurs galeries commerçantes couvertes ainsi qu’un quartier très tendance : Kitahama alley avec ces vieux entrepôts du port. Étonnant dans une ville comme Takamatsu.

La veille, comme nous nous sommes dit que nous avions du temps, nous avons décidé de visiter Oshima et sa lourde histoire. L’île servait (sert ?…) de lieu d’isolement pour les lépreux. Quand je dis « isolement », le terme d’exil serait plus approprié puisque qu’une fois la maladie découverte, une personne était envoyée dans ces sanatoriums un peu partout dans le pays et y était exilée à vie dans des conditions dignes de l’Antiquité (souvenez-vous de Ben-Hur)… interdit de procréer et avortement systématique pour les femmes enceintes, les décédés étaient dépecés « pour la science » puis brûlés sur place… un très lourd passé dans l’histoire du Japon. Des pratiques qui n’ont pris fin qu’en 1996… bien après qu’on a su que la maladie n’était pas contagieuse…

Alors évidemment, quand on s’y rend, l’ambiance est lourde… la visite se fait uniquement avec des guides et il est fortement déconseillé d’importuner les habitants si on en croise, ce qui ne nous est pas arrivé. Ils ont même leur lieu de pèlerinage avec les 88 autels qui reprennent les 88 temples de celui de Shikoku. Diverses installations rappellent l’histoire de l’île et des habitants, ce qui rend la visite émouvante. Quand on découvre la stèle en plein air où étaient découpés les corps, l’émotion est à son comble. Tout au long de la visite, on entend une musique permanente qui sert de repère aux malades qui ont perdu la vue. Les lignes blanches au milieu des rues servent à ceux qui voient très mal, la perte partielle ou totale de la vue étant un des symptômes de la lèpre. Une île étonnante donc que je suis très content d’avoir visitée, histoire de rendre hommage (indirectement) à ces parias, broyés par le système.

Cédric Riveau
Témoignage de l’intensité du nombre d’œuvres découvertes pendant ce voyage, mon passeport de la triennale est bien tamponné, très bien même, chaque tampon marquant une œuvre ou une installation vue avec un tampon différent pour chaque île. Trop fort !

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