Il y a trois ans, Sachiko m’en avait parlé. Elle en avait tellement bien parlé qu’elle m’avait donné envie d’y aller. Un grand festival de Tokyo (matsuri [matsouli] – 祭り comme on dit en japonais), beaucoup de monde, beaucoup de temples portatifs (mikoshi – 神輿), beaucoup d’eau (beaucoup d’eau?!) et Sachiko parmi les porteurs.
J’y étais allé avec Marc qui lui aussi, avait très envie d’y aller. Il y a trois ans… Mais pourquoi 3 ans?
Ce festival a bien lieu tous les ans mais tous les 3 ans, le nombre de temples portatifs, de porteurs augmente considérablement. Cette fête prend donc une toute autre dimension à ce moment-là. Cette année-là, le grand mikoshi du temple Hachiman est de sortie ce qui fait que le festival est nommé la grande fête (honmatsuri – 大祭). Environ 120 mikoshi sont sortis et 54 sont sélectionnés pour le défilé.
Il y a trois ans donc, j’avais adoré l’ambiance. Il faut dire que balancer de l’eau dans tous les sens sur les temples et les porteurs, ça met de l’ambiance! Ce festival se distingue pour cette raison: les porteurs passent devant des « stands » où des gens du comité d’organisation jettent des seaux d’eau, les pompiers des jets vers le ciel qui retombent en pluie. Cette eau sacrée qui rafraichit les hommes et femmes chauffés de hurler des mots d’encouragement, de porter un édifice sacré en bois, en or qui pèse parfois jusqu’à plusieurs tonnes et surtout, une eau qui les purifie.
Je voulais donc absolument y retourner en ce 17 août 2008 pour retrouver cette atmosphère, cette eau – au risque de me prendre un seau dans la figure. La fête était bien là. Pas le soleil. Il avait fait beau et très chaud pendant une semaine (voire plus) et ce jour-là, le jour où je voulais des rayons qui transpercent les gouttes d’eau volant dans l’azur et l’or, il faisait un temps atroce! Un froid (enfin dans les 20°) saisissant, des nuages menaçants… le cauchemar. Dès qu’ils s’arrêtaient, les porteurs étaient frigorifiés et grelottaient. Le lendemain – le beau temps et la chaleur revenus 👿 – il devait y avoir la queue chez les médecins! Du coup, l’ambiance n’était pas ce qu’elle était trois ans plus tôt. Ou était-ce moi, particulièrement en colère contre la météo alors que j’avais attendu tout ce temps. Dépit.
Les arroseurs s’amusaient bien. A en donner envie de faire comme eux. Debout dans leur camion dont la benne était remplie d’eau, les pompiers comme des enfants, un sourire jusqu’aux oreilles, levant leur tuyau pour mouiller le plus possible tout le monde. Cela faisait plaisir à voir.
Le point culminant est devant l’entrée du temple shinto Tomioka Hachiman (Tomioka-Hachiman gu – 富岡八幡宮). Essayant de prendre des photos tant bien que mal au-dessus des têtes, une femme perchée sur un escabeau m’a fait signe et me l’a prêté. Je pouvais prendre comme je voulais grâce à cet ustensile tout à fait utile au photo-reporter. Devant l’entrée, ça arrose plus qu’ailleurs, ici ça culmine plus qu’ailleurs si bien que par moment, on ne voit plus rien tellement il y a de l’eau!
Je m’y suis rendu avec Masayuki que je connais depuis 5 ans. Cet adorable homme d’un certain âge m’a même invité chez sa belle-mère par la suite. J’ai été merveilleusement reçu par toute la belle-famille. Un des mikoshi est d’ailleurs venu s’arrêter devant la maison – un des points de son parcours – pour remercier la propriétaire de sa contribution (pécuniaire) à la fête. J’en ai profité pour me réchauffer du froid ambiant devant des pâtisseries japonaises et du thé.
(merci à Masayuki pour le complément d’informations et pour cet après-midi passé avec lui)
Cette ambiance fait penser à la fête fimée dans le film « Shara » de Naomi Kawase, non?
Les seaux en plastique paraissent un peu ‘incongrus’ dans une fête traditionnelle mais la couleur bleue est forcément choisie et s’accorde bien avec celle des vêtements bleus et gris et à celle de l’eau (y compris celle qui vient de plus haut encore!)
Ca a dû être un beau moment!