2008… une nouvelle année. Dois-je me réjouir? Je ne sais pas très bien. Je n’ai pas de résolution spéciale pour cette nouvelle année, ce moment où tout le monde en prend, comme si changer d’agenda ou de calendrier permettait de partir à zéro… enfin pas tout à fait à zéro hein?… du genre bon, je fais un régime, cette année, je vais maigrir… Le soleil et la terre continuent de tourner et se foutent royalement, en maîtres absolus sur le temps, de notre calendrier grégorien.
Bref, c’est le premier janvier, tout le monde comate dans son lit des beuveries de la veille mais pas moi. Je suis à Angkor bordel! Debout vers 7h30, je décide ensuite ce que je vais faire ce jour pendant mon petit déjeuner.
Je souhaite absolument retourner à Ta Phrom et à Bayon. J’y vais ce matin. Il y a aussi un groupe de temples à l’est de Siem Reap, environ 15 kilomètres, j’y vais cet après-midi. Je tombe sur Peter, le néerlandais, sur la terrasse du restaurant, avec sa copine. Tiens, il a une copine lui? Elle était où hier soir pour le réveillon? C’est leur premier jour de visite.
Je pars rapidement car je veux éviter le tsunami touristique qui déferle sur les ruines. Comme je l’avais supputé ce jour-là, le dimanche est très occupé. Certes il y a du monde à Ta Phrom mais rien à voir avec l’avant-veille. Je cherche quelque chose que je n’ai pas trouvé: les visages enfouis ou enlacés par la végétation. Je demande plusieurs fois et dans un couloir, un homme de la sécurité (?) m’indique un endroit juste à côté de là où nous sommes. Un visage de danseuse est effectivement distinguable. Il est très beau. Je n’aurais jamais pu trouver sans son aide et il faut un guide – ce que je comprends rapidement – pour indiquer l’endroit aux visiteurs. Je reste un moment en compagnie de la dame qui me sourit.
L’homme m’attend. Il veut me montrer autre chose. Je le suis. Nous sortons des chemins battus. Nous partons vers le nord, nous passons les murs d’enceinte, nous faufilons à travers la végétation, mais où m’emmène-t-il? Nous traversons la forêt et arrivons enfin à la porte nord. Ces fameuses portes surmontées des quatre têtes. Un imposant fromager a attaqué le mur. Il enveloppait davantage les visages autrefois mais des racines ont été coupées. L’endroit est tout de même majestueux et surtout calme. Dans une cavité de l’arbre, au niveau du sol, une autre danseuse est abritée des éléments naturels. Ta Phrom prend une tout autre dimension après ces trouvailles, l’intimité.
Je repars aussitôt. Je ne reste pas. Je veux retourner à Bayon (troisième fois!) Là aussi, pas trop de monde. Pareil, je ne reste que dans une partie.
La partie que je préfère est en fait: la galerie du deuxième étage, un demi-niveau au dessus du premier. Couverte par endroit, elle aligne plusieurs colonnes très proches l’une de l’autre et la magie des rayons solaires, presque perpendiculaires mais pas complètement transforme le lieu en décor de rêve. Là, une tache de soleil au sol éclaire par en-dessous les bas-reliefs. Là, une lumière rasante découpe les sculptures avec la lame de son ombre. Plus loin, des portes font la queue dans l’ombre… je tourne et retourne et me retourne et danse et saute dans cet endroit merveilleux. Je reste… Je ne vais même pas sur les toits en compagnie des visages, je me contente de les admirer en contre-plongée, dans l’encadrement d’une porte ou d’une arche, ce qui les rend encore plus impressionnants. Il m’est impossible de me lasser de ce lieu.
Combien de fois, depuis que je suis là, l’appareil fixé sur mon pied, j’attends un moment propice qui vide le cadre des visiteurs, des gens viennent me voir et pouffe en disant:
– Mais il y a toujours quelqu’un. Vous avez toujours quelqu’un qui passe.
et moi de répondre:
– Je suis patient en les regardant droit dans les yeux. Certains partent sans même comprendre ce que je leur dis, d’autres, même s’ils voient ce que je veux leur dire, sont admiratifs d’une telle patience.
Panorama de 360° (fichier assez lourd ):
Je pars enfin pour Roluos, le complexe composé de Lolei, Preak Ko et Bakong.
Ce parc compte trois très très vieux temples pré-angkoriens. Ils datent de la fin du IXe siècle et sanctuaires sont encore debout, ce qui paraît bien incroyable. Ils sont en mauvais état mais on reconnaît bien les temples montagnes (en moins haut, techniques architecturales obligent) qui ont inspiré les reste du pays et de la région asiatique. Bakong est d’ailleurs le troisième temple de l’histoire khmère. Sa tour centrale cependant – très belle – date du XIIe siècle et cela se voit facilement tellement elle rappelle Angkor Wat. Ce qui est intéressant avec cet ensemble dédié à Civa, sont les animaux représentés: les lions – la protection -, les éléphants – la stabilité et pérennités -, le naga – la royauté -, des taureaux sacrés – transport de Civa… Il est dommage – et en même temps très heureux – que la tour centrale de Preak Ko soit entourée d’un échafaudages en bois. Cela empêche de faire des photos dans la beauté de la lumière du milieu de l’après-midi. Cet endroit est intéressant dans son aspect historique car la conservation est difficile.
Pour rentrer à Siem Reap, je souhaite me glisser sur les petites routes de campagnes. J’ai vu sur ma carte, une route, parallèle à la Route 6, au sud, derrière Bakong. Je m’y hasarde et ne me perds pas du tout même si la carte n’est pas très précise.
Je suis très heureux de quitter le goudron et d’être au contact des locaux. Je retrouve les « Helloooo! » de mes routes de campagnes et je m’arrête plusieurs fois pour prendre des photos. A plusieurs reprises, je vois des jeunes jouer au volley-ball et je finis par aller voir un groupe à mi-chemin. Je suis invité à jouer mais ma maladresse me rend timide et reste en spectateur. Ils jouent d’ailleurs très bien. Un jeune qui parle un excellent anglais vient me voir pour discuter de mes origines. Le contact est sympa.
La plupart des gens sur la route me sourit ou hochent la tête sur mon passage et les enfants me saluent d’un geste de la main. Des vieux, quand je m’arrête, viennent me voir et me parlent sans que je les comprenne. La gentillesse est toujours présente et les indications gestuelles pour me donner la direction de ma destination simples. Ce grand détour clôt une nouvelle excellente journée, la première de l’année.
Même s’il est très tôt, je veux essayer un restaurant indien « Little india » – en face du Blue pumpkin, car j’ai entendu dire que la nourriture indienne était excellente au Cambodge. Effectivement, je me régale… Aaaah l’Inde… mon prochain voyage?
distance parcourue: 70kms
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Magnifique, tes panos sont superbes le 360 à des textures de follies !!! j’adore merci pour la balade le sourire de la petite fille est un bonheur total
Elinas je te rassure, tu n’as pas besoin de prendre la résolution de maigrir au nouvel an!!!
Déjà que tu nous fait de la lévitation sur une photo (J’ai eu du mal à te reconnaitre sans orange ???)
Des photos toujours plus extraordinaires. La première est fabuleuse.
Dans la ballade je retrouve cette sensation que j’ai eu quelque-fois, une sensation d’en avoir plein les yeux, d’avoir été quelque part où il y avait quelque chose de vrai, d’authentique, de différent… C’est un voyage fascinant, et j’aime ta façon de voyager, autonome et avec beaucoup de recul tout en allant au vrai contact.
J’aime les pierres, j’adore ta sélection de tranche de vie des gens « locaux » (locaux au sens le plus noble du terme).
En fait dans beaucoup d’endroits où les civilisations sont installées depuis longtemps il existe une « vielle route » parallèle, une ville magique pour ça était Paris. C’est un peu moins vrai en Amérique du nord ou les routes sont plus récentes et rares, d’ailleurs je souris quand je lis des récit de gens qui ont été aux états-unis car nous suivons tous les même routes, mis à part quelques pistes il y a peu de route alternative.
En tous cas celle que tu nous fais visiter est fabuleuse, j’adore.
Comme d’hab.. un régal. Je te trouve courageux d’attendre ainsi que les touristes passent leur chemin pour prendre la photo qui te semble la plus belle, quant aux lumières, un vrai miracle.. Non décidément continue de voyager pour notre plus grand plaisir. Quand ta cousine Camille passe, elle s’installe à côté de moi et on prend le temps de naviguer sur tes photos, un petit bonheur pour la journée…
Sur le Cambodge, j’ai un sentiment complique (son histoire) … En voyant les photos,
j’ai compris que les gens vivent calmement dans la belle campagne. Je pense que
la paix est precieuse. Vous avez pris beaucoup de photos au Cambodge, elles sont
merveilleuse!
Rien à ajouter, mes collègues de lecture ont tous dit.
Merci à tous!
Hé Gil, il n’y a pas que l’orange dans la vie! 😛
jolie journée, on la parcourt avec toi du début à la fin avec toujours le même plaisir. tout comme momo, impressionné par la qualité du pano. t’as bien fait de préciser le nombre de photos nécessaires d’ailleurs, on ne se rend pas du tout compte qu’il en faut autant pour arriver à ce résultat o//