[photo] Sélection de septembre

D’une salle de professeurs au Robot restaurant, un concentré des multiples contrastes que peut offrir Tokyo… 12 ans après, ils continuent à me fasciner.

Ce professeur âgé, qui d’habitude marche plié en deux avec une canne, était véritablement plongé sur sa mappemonde, sans la faire tourner à fixer un point, non sans une attention intense qui lui plissait les traits du front. J’aurais pu danser à côté de lui qu’il n’aurait rien vu du tout.
Le même jour, un vendredi 13, je passais à Ginza pour un rendez-vous et tombais sur cette bande de bipèdes qui faisaient la queue pour être les premiers à avoir un iPhone 5S ou C, une semaine avant. Je découvrai plus tard sur Twitter qu’ils étaient là depuis le 11, depuis la keynote qui présentait les nouveaux téléphones. Ma consternation devant cette situation me fait mettre ce cliché ici qui en soit n’a rien d’intéressant, qui est parfaitement anecdotique. Qu’on puisse faire la queue quelques jours avant pour un produit fabriqué en nombre limité, je peux éventuellement comprendre mais pour un téléphone qui va être manufacturé à des dizaines et des dizaines de millions d’exemplaires, c’est tout simplement idiot. Le premier est ressorti en se disant qu’il était le premier à avoir un iPhone 5S au Japon ? Et alors ? Ou alors ils sont payés par Apple pour faire cela ? ce qui aurait plus de sens d’ailleurs…


Après le fameux typhon 18 qui a balayé le pays et fait beaucoup de dégâts, nous avons eu le droit à une composition artistique du ciel qui avait sorti ses plus beaux nuanciers. C’était purement magnifique et époustouflant. J’étais chez moi et j’ai pris ces deux photographies depuis mon balcon. La première (grand angle) est au nord et la deuxième (zoom) au sud.
Nous avons aussi eu le droit à une pleine lune bien grosse dans un ciel limpide pour les moissons du calendrier lunaire, juste avant l’équinoxe. Là encore, je l’ai prise depuis mon balcon, au sud-est.

Pour les photographies « à la sauvette », je suis allé à Kabukicho, le quartier « chaud » de Shinjuku. Hôtes et hotesses se bousculent au milieu d’une faune étonnante de personnes strange ou très belles.

L’événement du mois fut mon passage au Robot restaurant où je voulais aller depuis son ouverture, environ un an plus tôt. Je m’y suis rendu pour une fête privée, en dehors des heures normales d’ouverture. Dès que j’avais mis les pieds dans l’entrée, j’hallucinais sur le kitsch des décors avec un sens du détail qui n’est pas pour me déplaire. Loin de l’instinct artistique de l’immense Shinro Ohtake, je ne pouvais m’empêcher de penser à lui. Le sol de l’entrée, les lumières et lampes sont fascinantes. L’escalier qui mène à la scène de l’enfer, du péché et de la débauche est tout aussi grotesque et il n’y a pas un seul millimètre-carré sans un détail à observer, du sol au plafond. La salle qui se trouve au deuxième sous-sol consiste en une arène encadrée de 100 places réparties sur deux côtés. L’équipement électronique, sonore, les luminaires, les déguisements, les véhicules sont bluffants ! Un étalage vulgaire des sommets d’argent engloutis (on parle de 10 milliards de yens, quelque chose comme 80 millions d’euros soit plus de 13 ans logé dans la suite la plus luxueuse de l’hôtel Martinez à Cannes…) Une équipe de filles sculptées dans du marbre se trémoussent en bikini au milieu des robots, des voitures/motos ou avec des « poles », les méchants robots subissent des effets spéciaux dignes de Robocop… c’est proprement délirant. J’en suis ressorti complètement abasourdi (au sens propre et figuré) devant une telle débauche financière et vulgaire mais avec un immense sourire, les yeux brillants d’un enfant qui venait de voir le spectacle de ses rêves. On se dit qu’on est dans le futur et qu’on est bien à Tokyo. Si Gaspard Noé avait réalisé Enter the void après le lancement du restaurant, il y aurait tourné quelques scènes. Ou bien c’est le contraire, sans ce film, le restaurant ne serait jamais né ou aurait été bien différent. Si vous êtes à Tokyo, allez faire un tour ! (On précisera quand même qu’on devrait poursuivre en justice la compagnie pour avoir apposé la désignation de « restaurant » à l’endroit. « Bouffe à chier » est bien peu dire…)

One comment

  1. Quel délire ce robot restaurant (vu la vidéo sur le lien) on comprend comment on peut être « abasourdi », c’est tout simplement irréel.
    Et les taïkos, version psychédélique avec petites lumières autour, c’est trop drôle!

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