Jour 11 – le 2 janvier 2014
Visite de deux temples majeurs d’Assouan : Kalabsha et Philæ avant de découvrir le centre ville en fin de journée.
Après un réveil à 7h30, presque la grasse matinée, je descends dans le hall de mon palace en attendant l’appel de la sécurité à l’entrée du complexe pour me dire que ma voiture est arrivée. Rien. Je sors vers 8h40 en me disant que je peux toujours rebondir sur un taxi. Un homme autour d’une voiture noire vient vers moi, c’est Ambre, mon chauffeur pour la journée. Me voilà rassuré. L’homme est adorable mais s’exprime dans un anglais petit nègre et il ne comprend que la moitié de ce que je lui dis. L’essentiel est qu’il sache où je veux aller sauf qu’il ne connaît pas les lieux touristiques tant que ça… Nous attendons un ami cinq minutes après être partis, sur une grande avenue. Avec ce que je comprends de ses explications, Ambre n’est pas assez confiant du chemin à prendre et a donc demandé à son ami de nous accompagner. Nous filons vers le sud et je souhaite commencer par Kalabsha, le premier des deux temples du jour. La caractéristique de ces deux endroits, Kalabsha et Philæ est qu’ils sont chacun sur une île. En consultant mon Routard, je découvre qu’à l’origine, ils n’étaient pas entourés d’eau mais à cause du barrage, il a fallu les déplacer, pierre par pierre, pour les sauver. Un travail remarquable de l’UNESCO mais je ne peux m’empêcher de penser que l’homme ne fait qu’œuvrer contre la nature pour servir sa propre fin.
14 kilomètres au sud d’Assouan, juste à côté du barrage que j’aperçois de dos, se trouve Kalabsha. Il faut donc prendre un bateau et négocier le prix. Ambre et son ami viennent avec moi car mon chauffeur est soucieux de me voir entrer dans le temple et de pouvoir revenir me chercher par la suite. Très gentiment, il m’accompagne jusqu’à la porte du temple. Le trajet en bateau prend dix minutes jusqu’à l’embarcadère. L’avantage par rapport aux temples que j’ai déjà visités est l’intérêt du paysage. Je suis sur un lac constellé d’îles. Il me faut admettre que la vue est très belle même si elle est complètement artificielle. Aucune de ses îles sont de véritables îles en réalité. Kalabsha est facile à trouver car le point de départ des bateaux est en contrebas d’un énorme lotus stylisé, cadeau de l’ex-Union soviétique pour marquer l’amitié des deux pays via l’accord pour construire le barrage. Cela rajoute une dimension politique au lourd passé de cette construction monumentale car Nasser avait d’abord demandé une aide financière aux Etats-Unis et à l’Angleterre puis un imbroglio de décisions menèrent à la crise du canal de Suez puis au choix de l’URSS par Le président de l’Égypte.
Le temple est assez abîmé même si le pylône est en bon état. Le style est tout aussi « moderne » que les temples visités la veille car il date de -30 avant JC. La salle hypostyle contient des graffitis intéressants dont un Saint Georges et un décret d’un gouverneur latin en grec ! Beaucoup plus intéressant et beau, le temple de Beit el-Wali (ou temple d’Amon) à l’arrière de Kalabsha. Le sanctuaire contient des fresques colorées avec de beaux restes. Je suis bien content de retrouver un peu de couleurs et ce lieu de culte est d’ailleurs plus ancien que le reste. Ma préférence va bien évidemment pour lui. On peut aussi voir deux colonnes de l’époque chrétienne. Ce petit endroit est très agréable et surtout, je suis complètement seul ! Peu de gens viennent jusqu’ici et j’en profite pour demander au gardien s’il n’y a pas moyen de monter. Nous évitons l’homme de la sécurité et il prend une clé pour ouvrir la porte grillagée qui donne accès à un escalier. J’ai une belle vue sur les alentours et le Nil. J’en profite aussi pour me promener un peu autour de l’île et fouler le sable. Je reste cependant moins de temps que je ne l’aurais pensé.
De retour dans la voiture, Ambre et moi partons ensuite pour Philæ qui se trouve exactement entre Kalabsha et Assouan. Son ami est apparemment rentré chez lui pour dormir. Selon moi, il en avait marre d’attendre. Le temple d’Isis est bien plus populaire car bien plus proche du centre. Le trajet en bateau est plus rapide mais il faut se battre pour en attraper un. Comme je suis seul, je propose à trois Français d’en partager un. Le problème, les passeurs ne restent à attendre que deux heures maximum alors que je veux me balader sans avoir un horaire à respecter. Les négociations sont compliquées auprès de plusieurs bateaux. Je vais voir un militaire pour lui demander si je peux prendre un bateau différent pour l’aller et le retour et il attrape le responsable sur le quai pour lui demander de me laisser faire. Pour autant, les négociations ne sont pas finies car, dans un premier temps, il refuse. Je fais semblant de retourner voir le militaire et il me dit que c’est d’accord pour un prix plus raisonnable qu’à mon arrivée. L’île de Philæ est plus jolie que celle de Kalabsha car plus verte, plus fleurie. Le temple est aussi plus grand et plus beau avec une magnifique architecture complexe. Cependant, je suis plus intéressé par le kiosque de Trajan qui est devant la mer et qui a de magnifiques colonnes. Au fur et à mesure que l’heure avance, l’endroit se vide et devient bien agréable. L’après-midi est un bon moment pour y aller. Ici aussi, on trouve des graffitis dont l’étonnant « B Mure est un sot » en latin – comme quoi, en 2000 ans, le bipède a le même type de comportement. Je repars avec le bateau de Saïd qui m’avait repéré à l’arrivée.
Ambre veut absolument m’offrir un verre car nous sommes désormais « liés d’amitié ». Nous allons dans un café avec une jolie terrasse où nous prenons un thé. Il me montre une photographie de son mariage à ma demande. J’adore le tirage qu’il conserve précieusement dans son portefeuille depuis ce jour de fête. Mignon et terriblement kitsch. Il veut ensuite m’emmener dans son atelier car il est artisan joaillier et reparateur. En centre-ville, où je remets les pieds non sans une certaine appréhension, je découvre un petit magasin avec deux arrière pièces. Il y travaille avec son frère et adore son métier. Malheureusement, il y a très peu de commandes et en ce moment, c’est toujours fermé. Ils travaillent principalement sur des bagues. Nous allons ensuite dans le souk car je souhaite acheter un sac de voyage supplémentaire. Il m’emmène dans le magasin d’un ami qu’il semble ne pas avoir vu depuis longtemps. Il me fait un prix car « on ne peut pas ne pas faire un prix d’ami à un ami d’Ambre ! » Je décide ensuite de prendre mon courage à deux mains et de rester en ville, seul. Je vide mes poches de tout objet et je place mon sac sur le ventre. Je m’achète des pâtisseries avant de tomber sur un taxi qui me propose de me ramener à l’hôtel pour un prix très modique. Enfin un peu d’honnêteté et un repos face à la négociation qui me rassure. Ce jeune chauffeur conduit une vieille 504 break qui sent l’essence. Je n’ai jamais vu autant de 504 même à l’époque où elles étaient populaires en France !
Je rentre relativement tôt pour me reposer et profiter de mon palace. Le voyage à Abu Simbel envisagé pour le lendemain est annulé. D’abord parce qu’il faut se décider 24h avant et que je ne l’ai pas fait, ensuite, il faut se lever à 3h du matin, ce que je refuse catégoriquement. Je découvre la piscine couverte : un enchantement. Je rencontre Sara qui est une des masseuses du spa, dans le même bâtiment. Sur l’immense terrasse, en retournant vers ma chambre, je vois un très fin croissant de Lune orienté en bas dans un magnifique coucher de soleil. Je propose à Sara de venir le voir avec moi ce qui l’amuse beaucoup mais la réjouit quand elle découvre le spectacle. Je dîne sur la terrasse de l’hôtel et travaille tranquillement sur mes photographies avant de me coucher assez tôt.
Galerie
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Qu’est-ce çà parle ces vieilles pierres! beau reportage, merci
Ah la la la piscine arghh…..
Mais l’arrière boutique est top aussi dans un tout autre genre!