Le dimanche 8 mai 2016, j’ai embarqué dans un shinkansen exceptionnel, un shinkansen comme devrait l’être tous les trains.
Il s’appelle Genbi, en japonais 現美 avec les caractères chinois du présent et de la beauté qu’on utilise aussi dans art. Un néologisme qui pourrait donc se traduire par le train rapide de l’art contemporain ou comme le sous-titre proposé par JR : La galerie d’art la plus rapide du monde. Il s’agit d’un train galerie composé de 6 voitures différentes décorées par huit artistes presque tous japonais.
Mika Ninagawa pour les photographies extérieures de feux d’artifice ;
Nao Matsumoto pour la voiture 11 avec ses sièges et ses rideaux aux nombreux motifs d’animaux entremêlés ;
Yusuke Komuta pour la voiture 12 avec son long miroir géométrique en métal ;
Paramodel pour la voiture 13 et l’espace pour les enfants ;
Kentaro Kobuke pour la voiture 13 et son bar/café en bois ;
Naoki Ishikawa pour la voiture 14 et sa galerie de photographies ;
Haruka Kojin pour la voiture 15 et ses compositions florales en tissu ;
Brian Alfred pour la voiture 16 et ses animations sur écrans.
Le trajet se déroule uniquement entre Niigata et Echigo-Yuzawa (ou l’inverse) dans la province de Niigata, au nord-nord-ouest de Tokyo le week-end et les jours fériés uniquement. Le programme connu à l’heure actuelle est de fin avril à fin juin. Un programme pour l’été devrait être publié bientôt. Lorsqu’on m’a communiqué l’information un mois avant (merci B !), début avril, je me suis précipité pour réserver car je souhaitais le prendre le plus rapidement possible et ne manquer cette occasion sous aucun prétexte !
Le trajet dure une heure… qui semble plus proche de 20 minutes quand on passe son temps à arpenter les voitures et à discuter avec le personnel.
On entre dans la voiture de son choix et on pose ses affaires pour se garder un siège.
J’ai commencé par celle de Haruka Kojin car la plus belle selon moi. Je me suis ensuite amusé à tout visiter une première fois puis une deuxième, une troisième, une quatrième et encore d’autres pour voir ce qui avait pu m’échapper comme les plaques de numérotation des sièges, pour discuter avec l’équipage dont la gentillesse m’a touché ou encore pour attendre un moment opportun pour faire une photographie.
Dans les motifs de Nao Matsumoto, on essaie de retrouver la trentaine d’animaux ou insectes jaunes ou gris qui décorent les sièges et les rideaux – ces derniers devenant uniquement jaune à la lumière et bicolores sans éclairage extérieur.
Dans la longue parois réfléchissante de Yusuke Komuta, on s’amuse à voir son propre reflet découpé quand, dans un train normal, on regarde généralement un paysage qui pourrait être éventuellement différent de cet autre côté du train.
Dans l’espace conçu par Paramodel, on s’imagine rejoindre les enfants pour jouer parmi eux. On se console avec les reliefs qui parsèment les murs ou avec les formes géométriques qui ressemblent à des rails de petit train.
Dans le café de Kentaro Kobuke, on est fascinés de trouver un parquet travaillé et on s’arrête pour découvrir tous les petits objets sur les étagères ou les jolies pâtisseries sous la cloche. Un endroit qu’on s’approprie très facilement grâce au mobilier accueillant.
Les photographies de Naoki Ishikawa sont une mise en abîme du voyage qu’on effectue avec des clichés de Niigata, d’endroits le long de la côte de la mer du Japon.
L’installation de Haruka Kojin force à pousser un cri d’émerveillement quand on tombe sur toutes ces couleurs. Formes qui dansent selon les mouvements du train comme la surface de l’eau de temps en temps secouée par une ondulation. Observez la symétrie.
Les écrans de Brian Alfred quant à eux s’animent de feux d’artifice dans un paysage, là encore, comme si on les voyait à travers les fenêtres du train. La voiture la moins intéressante selon moins.
On reçoit même un cadeau : une fourchette et une cuillère marquées Genbi shinkansen.
Bref, un moment inoubliable sachant qu’en s’arrêtant à Echigo-Yuzawa, on peut ensuite visiter le musée Kinare ou bien les différentes installations d’art contemporain installées de-ci delà dans la région… mais ça, c’est pour un autre article… 😉
Photographies prises avec le Sony RX100IV.
Bjr,
Le billet train est plus cher je suppose?
Excellentissime.
Je comprends mieux, à posteriori, l’impatience et le secret sur cette excursion d’exception!
super!
Non, pas spécialement. J’ai pris un billet groupé Tokyo-Niigata-Echigo-Yuzawa-Tokyo pour ¥16.000 😉
Quelle classe, mais quelle classe!
Ça file envie de chialer de telles initiatives et un tel niveau d’excellence.
(Et c’est un mec qui prend le train pour aller bosser qui te le dit)
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