Alors que les sacs de terre irradiée se remplissent sans fin et s’accumulent sans qu’on sache où les entreposer, alors que les centrales nucléaires redémarrent et s’arrêtent suite à des décisions de justice, alors que le Premier ministre déclare que le Japon ne peut pas vivre sans nucléaire, nous célébrions en ce jour les 5 ans de la catastrophe de 2011.
Comme à chaque fois, je me suis rendu dans le parc Hibiya pour la commémoration organisée par Peace on Earth. J’y ai retrouvé des gens que j’ai déjà rencontrés, notamment, ce couple nippon-canadien dont j’avais fait le portrait en 2012, un an après.
S’il y avait quand même du monde, j’ai regretté que plus de personnes soient présentes mais un vendredi après-midi, c’est loin d’être évident. La commémoration se déroule d’ailleurs jusqu’au 12 au même endroit pour ceux qui n’ont pas pu s’y rendre.
Je sais tout de même qu’une grande partie du pays s’est arrêté pendant une minute et que beaucoup, même dans leur bureau, chez eux, ont observé une minute de silence à ce fameux moment fatidique : 14h46.
La grande cérémonie officielle se déroulait au théâtre national en face du Palais impérial et si j’ai eu le temps de prendre une photographie, les services secrets n’ont pas tardé à m’entourer pour m’en empêcher et me demander de quitter les lieux au plus vite. Drôle d’image sur cette cérémonie qui est bien nationale et appartient à tout le monde…
Juste avant la minute de silence, les animateurs sur scène nous ont invité à discuter avec nos voisins immédiats, une initiative que j’ai trouvée excellente dans cette grande ville où on ne se parle pas, dans ce pays où les gens ne s’adressent jamais à des inconnus. J’ai donc discuté avec Rie [lié].
Rie – 30 ans – Miyagi
Je m’appelle Rie. Je viens de Miyagi. Oui, j’étais « sur place », au bureau comme tout le monde. Tout a tremblé ! Les objets qui étaient dessus tombaient, partaient un peu partout. C’était très impressionnant. Comme tout s’est arrêté, je n’ai pas pu rentrer et j’ai dormi sur mon bureau comme beaucoup de collègues…
Ma maison a été balayée par le tsunami. Tout a été emporté. Heureusement, il n’y avait personne chez moi, mes parents n’étaient pas là et personne n’a été blessé ou noyé. Le choc a été grand quand j’ai vu ça. On ne réalise pas en fait. On ne peut pas imaginer en fait. Les images qu’on peut voir, on se dit que ça arrive aux autres mais pas à soi-même… mais cette fois-ci, cela nous est arrivé…
Je viens de m’installer à Tokyo avec mon mari. Il y a moins d’un an. C’est donc la première fois que je participe à cet anniversaire dans la capitale. Malheureusement, il n’a pas pu s’absenter de son travail. Je suis donc venue seule.
Je suis arrivé il y a une vingtaine de minutes. Si vous êtes arrivé il y a deux heures, vous devez avoir froid ! Il fait vraiment froid aujourd’hui ! Et puis le temps est vraiment maussade.
Série de portraits de bénévoles, de différentes associations, d’artisans, de participants croisés en ce jour du 11 mars 2016. On peut voir que la vie reprend, qu’il faut continuer et s’accrocher car la plupart sourit.
Le fabricant de panneaux solaires se trouve à Chiba : Energy Chiba
La fabricante de boîtes à bijoux musicales à Fukushima : Lilly and Ally
Galerie
Un diaporama est en cours. Les fichiers peuvent mettre du temps à s’afficher. Soyez patient. Si vous cliquez sur une photographie, vous passerez à la suivante sinon, c’est automatique. Photographies prises avec le Sony RX100IV et la vidéo ci-dessous avec l’iPhone 6.
La minute de silence en vidéo. Cela bouge un peu car j’avais la tête baissée tout en tenant mon iPhone, le bras levé.