Hong Kong – 26 mars 2009

Hong Kong - Journal de voyage
Deuxième jour
Mise à part la radio à travers le haut parleur de la salle de bains qui se lance toute seule au petit matin, je dors comme un loir. L’hôtel est assez calme et les lits confortables. 10 heures du matin n’est pas si tard compte-tenu de la fatigue de la veille mais il y a une ville à découvrir, de nouvelles expériences gustatives à faire, rapidement l’envie de bouger me secoue et me sort du lit.

Mon impression de la veille – derrière les vitres du taxi – se confirme: la Chine est construction. À la sortie de l’hôtel, le volume sonore envahit l’atmosphère et il est parfois difficile de s’entendre: des travaux, des constructions et une circulation impressionnante, surtout avec les fameux bus à deux étages qui filent dans les rues, à quelques centimètres des piétons. Le programme du jour est Kowloon et son artère centrale: Nathan road. L’hôtel se trouve au sud de la péninsule, sur la baie et l’idée est de remonter sur deux kilomètres et de se perdre dans les rues. Au moment où on pénètre dans Nathan road, le mythe devient réalité. Le cerveau se réveille d’un coup et le « j’y suis » me submerge instantanément. Les immeubles, les panneaux publicitaires qui arrivent jusqu’au milieu de la rue… C’est une sensation grandiose. Je souris, je regarde en l’air, la bouche ouverte… je suis un touriste émerveillé très facile à repérer. J’y suis!
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Le premier objectif est de trouver une adresse du Routard pour se restaurer, une adresse authentique. Vers midi, la patronne nous accueille avec des « Com’in, com’in! » Sun Fat – désormais renommé Sun Yat (26-28 Cameron road) est une cantine locale, typique, baignée par la lumière chirurgicale des néons. Devant un menu avec trop de pages – même an anglais et en japonais – je finis par interpeler notre hôtesse pour lui demander des conseils. Elle nous recommande un congee, la spécialité qui ressemble à du porridge, dans laquelle on met du riz avec de la viande, du poisson ou des légumes. C’est bon même si elle revient un peu plus tard pour nous avouer que nous dégustons des intestins de porc. Euh… tu n’étais pas obligée de le préciser… un homme du même âge (peut-être…), son mari (peut-être…), nous conseille des nouilles frites avec des travers de porcs. Très gouteux et très chinois.
Nous terminons par une tarte aux œufs d’un jaune plus jaune que le jaune d’œuf, accompagné du thé au lait local. Il s’agit d’un thé vraiment très corsé (mélangé à du café) servi avec du lait concentré. Ça décoiffe!

La balade reprend tranquillement et le paysage urbain est stupéfiant. Les immeubles sont plutôt assez hauts, les façades colorées et mouchetées par les compresseurs des climatiseurs, tous ces panneaux… La quantité d’informations à traiter est volumineuse pour le cerveau. Plus d’une fois, je me retrouve au milieu de la rue, à vouloir faire des photos mais à me faire klaxonner, presque écraser tellement l’euphorie anesthésie ma raison. Hong Kong et Kowloon ne déçoivent pas.

Plus au nord, un marchant de gaufre à la forme originale nous régale les papilles. Nous grignotons tout en continuant de nous émerveiller. Un peu fatigués du bruit, nous nous faufilons dans des petites rues et allons à la rencontre de marchés et de gueules du coin, ce que j’adore faire! Je ne suis pas retourné en Chine depuis un moment et j’en avais oublié à quel point les citadins refusent souvent d’être pris en photo. Cela change du Cambodge ou de la Thaïlande ou les refus sont marginaux. Je n’insiste jamais. Les produits vendus me replongent dans le sud-est asiatique: des fruits ou légumes jamais vus, la viande non réfrigérée, les poissons découpés vivants devant les clients…
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En continuant à monter, derrière le marché de nuit qui commence à s’installer, se trouve le marché de jade, trop touristique, où il est difficile de négocier. La partie la plus intéressante est le fond nord, avec quelques écrivains publics. Un tout petit peu plus haut, le temple Tin Hau avec sa place vaut un petit détour rapide. Peu authentique, il permet tout de même de voir des encens serpentins coniques comme j’en avais découvert à Ho Chi Minh. Une femme devant l’autel de la déesse de la mer tire, à répétition, sa bonne aventure via un pot de bambou contenant des tiges du même bois. Elle secoue, une tige tombe, elle la ramasse, la regarde rapidement, note sur son carnet et recommence. Pendant les dix minutes que je l’observe, elle recommence l’opération des dizaines de fois. Elle rythme le silence religieux du lieu. Son carnet est entièrement griffonné des sorts que je l’imagine noter après avoir vu duquel il s’agissait. En sortant, on entend encore au loin son morceau.
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Nous nous réfugions dans un café pour nous poser après toutes ces heures de marche. Peu de choix sur Nathan road – semble-t-il – mais surtout par ignorance totale de l’endroit – aussi entrons-nous dans un lieu peu typique mais au personnel très sympa. Je retrouve les chinois curieux, qui posent plein de questions. À me voir écrire sur mon cahier, l’un d’eux ne manque pas de s’enquérir du but de mes actions. Discussion. Je plaisante aussi avec la patronne car je lui pose une question qu’elle ne doit pas entendre souvent: à quelle heure se couche le soleil?, histoire de me préparer pour prendre tous ces panneaux publicitaires envahissants qui doivent considérablement changer le paysage la nuit.

Bien au nord de Kowloon, nous voulons prendre le bus pour retourner du côté de l’hôtel, à l’office du tourisme qui se trouve au terminal des bus et à l’embarcadère du Star ferry, autre transport mythique de la ville. Nous attrapons le n°2 et grimpons au deuxième étage par obligation. La vue sur la ville est complètement différente. Je me faufile à l’avant et m’assoit violemment à côté d’un homme… fort. Le bus fait des arrêts/démarrages assez brutaux ce qui fait aussi partie de l’expérience. L’homme sourit et me parle. Je finis par tout savoir en moins de dix minutes. Il vient du Bhutan, est marié à une hongkongaise, a trois enfants, ne travaille pas aujourd’hui, va retrouver des amis au restaurant avant d’aller danser. Wow! Il est adorable et sympathique.

L’office du tourisme est… rempli de touristes! La planète tourne dans le bon sens!

Cette fois-ci, la baie est nettement plus visible et très impressionnante. Le « j’y suis » du matin, entraperçu la veille se confirme pour de bon. L’île de Hong Kong et ses buildings sont bien là et l’excitation est à son comble. Passage à l’hôtel pour sortir l’ordinateur et me rendre compte que j’ai oublié l’adaptateur pour le brancher sur le secteur… Et voilà! l’oubli du voyage! je suis mal… Passage à la réception de l’hôtel.
– Euh, vous n’auriez pas un ordinateur Dell parfois?
L’adorable jeune femme passe un coup de fil au service informatique pour demander conseil. De plus, avant de réaliser mon oubli, j’ai pris l’abonnement internet de l’hôtel pour une semaine (il n’y a pas de petit profit à Hong Kong et encore moins dans ce monde) et la femme me propose soit d’utiliser gratuitement la salle informatique, soit d’aller au centre commercial rempli de magasins d’informatique qui ferment à 20h alors qu’il est 19h30. Je risque! Ce n’est d’ailleurs pas loin, justement au terminus des bus. Un seul est encore ouvert et je peux acheter l’adaptateur (ça m’en fera deux!) pour utiliser l’ordinateur. Ouf mais dépense inutile.

Il est justement 20 heures – début de Symphony of lights – le spectacle son et lumière de Hong Kong. La musique est parfaitement minable – genre Disney version Bontempi – mais les lumières sur les toits des immeubles valent le détour. Malheureusement, les nuages sont toujours aussi bas. Par moment le dispositif complet s’allume d’un coup. C’est le meilleur moment mais c’est bien trop rapide.
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On file au ferry pour la traversée légendaire de la baie. Nous avons décidé d’aller sur Hong Kong. Le vieux bateau est superbe. Ce sont de vieilles machines qui font inlassablement l’aller-retour une cinquantaine de fois par jour. Le périple, rythmé par la houle et les pistons du moteur, dure moins de dix minutes. Les gratte-ciel se rapprochent rapidement. Cette découverte de l’île se fait de nuit et avec ses imposantes constructions toutes illuminées, nous ne pouvons nous empêcher de laisser échapper des « Ouaaaaaah! » Au pied des tours, la vue est encore différente.
À la sortie de l’embarcadère, on prend une passerelle au-dessus des rues qui nous emmène dans le centre. Il s’agit d’ailleurs d’une des caractéristiques de ce quartier: la multitude de niveaux. À l’intérieur, à l’extérieur. Cela rend l’espace très intéressant à observer car il donne des points de vue différents d’un même endroit selon le niveau où on se trouve. Nous allons dîner au Golden China restaurant dans Jubille street, au n°9, trouvé dans le magazine Tokyo calendar. La patronne – Daisy – nous accueille et nous place dans un compartiment au fond. Le chef, derrière la vitre de sa petite cuisine et ses canards laqués, nous salue à son tour. Ils sont très sympas. Le menu est fourni et le canard laqué excellent. Je peux enfin goûter des wonton – les raviolis cuits dans la soupe – la cuisine dont je raffole avec les dim sum.
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La promenade nocturne continue et les éclairages ne déçoivent pas. Certes moins nombreux qu’à Kowloon, cela donne un festival de couleurs sur le fond marron-orangé du ciel nuageux. La différence avec la péninsule est qu’ici, nous sommes au flan d’une montagne et les rues grimpent très rapidement. Encore des niveaux. Des rues pavées en escalier luisent sous les réverbères. Des dizaines de cafés/bars en terrasse nous invitent à entrer. Certains ont des décorations très tentantes et donnent envie de prendre un verre. Je pense notamment au Lotus de Pottinger street. Au bout, nous déboulons violemment dans un monde d’expatriés sur Wyndham street avec ses cafés qui déversent une musique tonitruante afin que des hordes d’occidentaux, un verre à la main, se retrouvent pour parler en essayant de couvrir la musique. Christelle et moi nous regardons en nous demandant ce que nous faisons là. C’est peut-être à voir une fois mais ce n’est certainement pas notre tasse de thé ou verre de bière pour avoir une image plus proche de ce qui nous entoure. Il y a tout de même le magnifique hall de l’hôtel LKF, ainsi que le bar/restaurant Yun Fu à la décoration tibétaine qu’on nous autorise à visiter. L’endroit est magique et calme.
Le paroxysme du tsunami occidental nous attend derrière. D’Aguilar street. Un véritable cauchemar: 99% d’occidentaux entassés les uns sur les autres, 0,9% d’asiatique et 0,1% deci-delà de femmes plus ou moins vulgaires. Nous traversons la masse corporelle histoire de dire que nous y étions. Certes l’ambiance est bonne (bruyante) mais les villages de semblables me font fuir en courant. Nous glissons vers le ferry (le dernier est à 23h30) une glace à la main même s’il ne fait pas très chaud.

La journée se termine. Christelle est contente et lance un « On a fait plein de choses aujourd’hui! » Je suis un peu rassuré car j’ai l’habitude effectivement d’avoir des journées denses et tout le monde n’aime pas forcément être toujours en vadrouille pendant les vacances. Sur la promenade au bord de la baie, les jambes tirent un peu, comme un signal de fatigue qui montre qu’il est temps de mettre le corps au repos. Il est finalement assez tard.

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Voici la galerie de photos du 26 mars.
Il y a deux panoramas. Le premier a été pris au carrefour de Nathan road et Jordan road, il est composé de 10 images, il pèse 270kb. Le deuxième est composé de 10 images aussi et il pèse 128kb.
Passez votre souris sur la droite de la photo et cliquez pour voir la suivante.

9 comments

  1. Aaargh ! Tes panos sont vraiment énormes ! Moi qui suis toujours dans l’impasse sans grand angle, c’est très certainement une technique qu’il faudrait que je maîtrise ! Tu donnes pas des cours à l’occasion ? ^^;

    Sinon, j’ai particulièrement aimé la 30 parce que c’est une de mes impressions de HK et de la Chine aussi (comprenne qui pourra mais ce n’est en rien négatif) ; et la 62, bien granulée comme il faut.

  2. Et après il me dit que je mets des tonnes de photos et que par ma faute ça lui prend des heures à lire mes reportages LOL.

    Merci Elinas de me rendre la pareille !

    De ce que j’ai vu, j’aidooore…

    J’y replonge !

    Gil

  3. oh là là j’ai les courbatures qui reviennent en relisant tout ce qu’on a fait!

    Le souvenir de la journée : deux frayeurs… grosses!
    1 – Le Linou au milieu du carrefour alors que les feux sont verts… Il a failli y passer plus d’une fois! Fou!

    2 – Le « tueur » de poisson : la maîtrise du hachoir est impressionnante sur un poisson vivant sentant la mort arriver… autant dire très frétillant!
    J’ai été prise par surprise par son geste et le coup de matraque pour terminer la bestiole au cas où elle bougerait trop… Heu j’étais pas fière en face du poissonnier (peut-on d’ailleurs l’appeler encore par ce nom, si sympathique au demeurant sur le marché du samedi matin) alors je lui ai fait un grand sourire histoire de l’apaiser…

    Excellentes photos Linou comme d’habitude!! La dernière est magnifique.

    PS : Bon alors tu t’es endormi ??? Elle est où la suite?? 😉
    (tu m’as fait marcher, je te fous la pression… juste retour des choses haha)

  4. Quand meme, toutes ces photos tip-top…
    Faudrait en faire un bouquin, tu crois pas ??
    Ou non, mieux encore… un magazine (^_^))

  5. @Réginald
    Merci, je m’accroche! 😉

    @Fred – Amano
    T’expliquer les panos? Pas de problème! Ceci dit, j’ai aussi un grand angle.

    @Gil
    Marchi

    @Christelle
    Merci pour le complèment d’info. C’est cool! Pour la suite, je laisse le temps de lire à tout le monde! 😀

    @falcon
    Thank you for your kind comment. Really! 😳

    @benOit
    Marchi auchi… on s’y met? 😉

  6. splendide, le dépaysement est au rendez-vous, ton texte est toujours aussi soigné et j’applaudis les photos la n°54 j’adore, merci patron 😉

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