Kyushu – Fukuoka – 3 août

Évidemment, avec un avion à 9h30, il faut se lever tôt! L’avantage, c’est que c’est un vol domestique aussi nous n’allons pas à Narita – qui est vraiment très loin – mais à Haneda – qui est beaucoup moins loin. 45 minutes de trajet, le temps de se préparer, le réveil sonne à 6h30. Plus tôt que d’habitude. Les yeux piquent. Les muscles orbiculaires des paupières semblent s’enfoncer dans les orbites, de manière plus profonde qu’au quotidien.
Le métro est rempli des travailleurs qui ne sont pas en vacances, eux. La traversée souterraine méridionale déverse son flot de voyageurs comme à l’accoutumée. Avec tout mon chargement: la valise – certes petite – mais surtout l’ordinateur, l’appareil photo et bien sûr le trépied, lui qu’il va falloir que je démonte au moment du contrôle de sécurité car il fait plus de 60cm – j’ai l’habitude… j’enlève la tête avant de passer, je la remets aussitôt après… – avec tout cela donc, je me déhanche à de nombreuses reprises pour éviter aux têtes pressées et juste réveillées qui passent trop près de mon attirail de se décorer d’une bosse ou pire d’une blessure avec l’objectif ou les chevilles du trépied. Sport matutinal.
N’étant venu à Haneda qu’une fois en 8 ans lors d’un voyage d’affaires il y a 7 ans, je ne reconnais pas l’endroit. On dirait un aéroport de province par sa taille. Nous sommes en avance. D’une heure. Noriko nous fait profiter du lounge JAL où nous étalons tout le matériel de voyage. On souffle dans les fauteuils moelleux – mais assez cheap – du salon. On se prélasse tellement qu’il nous faut ensuite courir jusqu’à la porte 12 où le vol JL315 nous attend… avec une installation au dernier moment, tous les passagers déjà assis sur les sièges du couloir me voient passer avec des sueurs froides tellement les éléments qui effrayaient déjà les travailleurs métropolitains leur frôlent le cuir chevelu. J’ai beau ne pas être gros, avec l’équipement, je prends de la place. Le voisin lui ouvre de grands yeux, se demandant sans doute où je vais mettre tout cela, si je ne vais pas écrabouiller son bagage qui lui doit avoir des proportions raisonnables…
Le 777 finit par décoller pour avaler les – un peu moins de – 900kms qui nous séparent de notre destination.
Aéroport de Fukuoka
L’avion se pose au milieu des immeubles d’habitation vers 11h15. L’arrivée prend une toute autre dimension. Les habitants ne doivent pas être aussi excités que moi mais je me dis que les villes où cela est possible sont de plus en plus rares. Certes, l’accès à la ville se fait d’autant plus rapidement mais surtout, par le hublot, on sait où on arrive, on commence à se faire une idée de l’endroit qu’on visite. Je ne parviens d’ailleurs pas à me souvenir si j’ai déjà eu cette sensation, d’atterrir au milieu de la ville.
Un petit coup de fil à la compagnie de location de voitures et ils viennent nous récupérer pour nous emmener au magasin. Les formalités remplies, nous grimpons à bord de notre March beige. Noriko propose d’aller directement à Dazaifu tenmangu. Il s’agit d’un des temples les plus connus au Japon qui se trouve à une dizaine de kilomètres au sud-est de Fukuoka. Construit dans la ville de Dazaifu et dédié à l’enseignement, le corps de Michizane Sugawara y repose. On y trouve aussi plusieurs sculptures de bœufs en bronze qui représentent le moyen de transport avec lequel le corps de Sugawara fut transporté et le temple principal aurait été construit à l’endroit où l’animal se serait arrêté, refusant d’avancer.
Dazaifu tenmangu
L’endroit est donc assez touristique. On y accède par une petite rue commerçante assez sympa où parmi les nombreux magasins de souvenirs, on peut aussi acheter la confiserie locale: un gâteau de riz (mochi) farci de haricots rouges sucrés avec de la prune salée qui s’appelle umegae mochi. Le tout est chaud. J’adore!
Le lieu est assez reposant et la verdure très présente. De magnifiques arbres – sans doute millénaires – nous abrite de la pluie sporadique qui vient ponctuer notre marche. Le bassin pour se purifier les mains à l’entrée du bâtiment principal est le plus grand bassin en pierre – un granite il me semble – du Japon. Malgré la chaleur assez lourde du climat subtropical de l’île, la visite vaut le détour. En sortant, nous allons manger des soba blanc (白いそば) fabriqués maison dans un des restaurants connus de la rue commerçante. やす武 (Yasutake) est typique du genre. Les sobas sont excellents! Un peu avant 15 heures, nous décidons de repartir pour Fukuoka afin d’aller déposer notre attirail à l’hôtel. Les pluies importantes qui se sont abattues sur la région récemment ont poussé les autorités à fermer une portion de l’autoroute. Il y a donc beaucoup de voitures et le retour est un peu laborieux.

Du parking de Canal city, nous accédons directement au Washington hotel. L’endroit est correct mais la chambre ridicule. On se bat dans 14 ou 15 m²… Là encore, avec tout le matériel, attention aux bleus! Après une pause et quelques ronflements – la nuit précédente fut trop courte et agitée –, nous attaquons le centre ville. Si l’hôtel fournit une chambre aux dimensions d’une maison de poupée, il a le mérite d’être en plein centre, à deux pas de l’ile Nakasu et à trois de Tenjin. J’ai souvent l’impression d’être dans un Tokyo miniature tellement la thématique des quartiers ainsi que l’architecture sont semblables. Nakasu est un petit Kabukicho avec une ambiance plus tranquille et Tenjin, un petit Harajuku ou Omotesando dont on fait rapidement le tour. Le deuxième quartier est vraiment sympathique. Des architectes s’en sont donné à cœur joie pour dessiner des immeubles beaux et avec de la gueule et les boutiques sont plutôt intéressantes et tendance.
L’autre aspect attrayant de cette ville est son côté européen car construite autour de son fleuve. Il y a donc des quais, une île où on peut se balader et profiter de verdures, de ponts – dont un entièrement piéton qui s’appelle 福博であい橋 (le pont des rencontres) – et des cantines populaires qui s’installent le soir.
Du côté de Tenjin, on trouve de grands magasins ou centre commerciaux ainsi qu’une immense galerie commerciale souterraine, une véritable avenue parallèle qui relie d’ailleurs les centres commerciaux entre eux, les rues entre elles. Tenjin chikagai (天神地下街) brasse une masse importante de personnes entre les habitants, les passants, les employés et les touristes… Si cela est pratique, cela n’a aucun charme.
Les rues de TEnjin
Noriko ayant une envie soudaine, mais certaine, de gyoza, elle téléphone à Nozomi pour lui demander une bonne adresse. Originaire de Kyushu et plus précisément de Fukuoka, cette jeune femme est venue s’installer à Tokyo. L’adresse est justement en plein cœur de Tenjin où nous nous trouvons, et même notée sur le plan du magazine que Noriko a acheté il y a un moment. Nous tournons dans les rues, la tête en l’air pour admirer le travail des architectes-designers avant de pénétrer dans l’antre juste après 19h. Très populaire, 餃子のテンジン (les gyoza de Tenjin) est une izakaya qui déploie un long comptoir et quelques tables. Le premier m’attire et nous nous faufilons jusqu’au bout, devant le cuistot qui prépare les gyoza et le deuxième qui les fait cuire. On tape la discut’! Les deux sont très sympas et nous déconnons sur le processus de fabrication. En soirée calme, comme ce soir, l’homme en prépare entre 1000 et 1200… j’en écarquille les yeux!
– Et le week-end?
– Plus de 2000!
– Wow!

Il nous montre alors une pancarte en haut du mur derrière nous. Un nombre – 233 -, une durée – 15min -, un nom et une signature la décorent. Il s’agit du record de gyoza mangés. Je remarque aussitôt qu’il s’agit d’une femme. J’en suis baba!
– Vous pouvez en manger autant?
– Oh non! Même moi, au bout de 30, j’en peux plus!
– Tu m’étonnes!

Délicieux et légers – ce qui est rare car il s’agit souvent d’un plat assez huileux et gras -, nous nous régalons. Les deux cuistots nous recommandent d’ailleurs de les déguster avec une sauce de yuzu piquante ce qui change du soja. Un régal!
Une heure plus tard, nous nous retrouvons à marbre blanc café pour une glace. Le café a une décoration sympa et pensée comme on en trouve beaucoup dans les grandes villes du pays. Tranquille.
À la fin de la soirée, franchement fatigués avec les balades dans les pattes, nous rentrons à l’hôtel en repassant par les quartiers de l’aller. Nakasu s’est réveillé et l’impression d’être à Kabukicho se renforce. Sur les quais, les néons des enseignes lumineuses éclairent le lit du fleuve couleur d’encre. Je vais y revenir pour faire des panoramas.

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Voici la galerie de photos du 3 août.
Il y a un panorama de 180 degrés avec 19 photos.

Passez votre souris sur la droite des photos de la galerie et cliquez pour voir la suivante.

7 comments

  1. Le gyosa : Il faudra que je goûte à cela! Est-ce que cela ressemble un peu aux raviolis chinois malgré tout? (raviolis aux crevettes, au porc également…)

  2. Commence à faire une liste de ce que tu veux faire quand tu viendras l’année prochaine, on va en avoir besoin! 😉
    Le gyoza est originaire de Chine et c’est aussi un ravioli qu’on mange cuit à la vapeur ou grillé. Regarde le lien dans l’article, ça donne une bonne idée du plat.

  3. Super, un nouveau voyage. Et comme à l’habitude, de trés belle photos. Avec une préférence pour la 7ième.

  4. super, chouette ambiance , j’adore la main sur la rembarde du pont dans le pano

  5. Votre blog est très précis. Merci pour tous ces liens disséminés un peu partout.

    Je suis en train d’organiser mon voyage au Japon, Il est très difficile d’obtenir de l’information. De plus, aimant comme vous faire de l’itinérant au plus proche des gens, je souhaite me perdre dans le japon.
    Cependant, on me déconseille la voiture, autoroute et frais d’abandons sont exorbitant. et le train, c’est loin d’être pratique lorsque l’on souhaite faire de l’itinérant et se perdre (avec une valise de 20Kg à trimballer tout le temps…
    J’aimrerai bien passer une nuit à Kurokawa !!!

    Serait’il possible d’entrer en contact avec vous afin d’avoir quelques conseils concernant l’organisation pratique d’un voyage au Japon ?

    Cordialement,
    Julien

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