Journal – Jour 10 – Mékong

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Carte maritime du Mekong

Driiiiiing! Driiiiiing! Driiiiiing! (Oui, je sais, ça fait un peu téléphone des années 80 mon onomatopée là mais bon… ça a plus de charme qu’un boulouboulouboulouboulou:mrgreen: )
Une voix vietnamienne me parle…
– Euh…
…suivi d’une voix anglaise
This is your morning wake-up call.
Il est 6h30. La vache, c’est tôt! Pour quoi déjà ? Ah oui! c’est moi qui l’ai demandé hier. Si tôt, la tête dans le brouillard cérébral du réveil, il me faut quelques secondes pour m’en remettre et retrouver mes repères après avoir autant dormi.
– Qu’est-ce que je fais ici moi?! Ah oui… Ho Chi Minh… le Vietnam… la circulation déjà bien active de la rue… le guide qui arrive à 8h… départ pour la croisière sur le Mékong… Ca y est! j’y suis! vite! me préparer!
Petit déjeuner hôtel Arc-en-ciel, Ho Chi Minh Je me douche, je refais et referme ma valise (encore!), je descends prendre mon petit déjeuner. Un énorme buffet avec plein de bonnes choses, plein de spécialités locales, chinoises, des fruits… du coup, je traîne un peu et me laisse aller. Je sors de la salle à manger, monsieur Kinh est déjà là , il est 8 heures. Viiiiite!
– Bonjour, je suis Kinh, votre guide pour votre croisière sur le Mékong avec La Palanche.
– Euh oui… bonjour…
A moi-même: zut, j’ai oublié de prendre un cure dent! Je n’ose ouvrir la bouche de peur d’avoir grains de riz, salade ou coriandre sur les dents… Je monte chercher ma valise, je me dépêche, je redescends cinq bonnes minutes après.
– Voilà , je suis prêt!
– Très bien. On prend le minibus et on va rejoindre le bateau, le chauffeur nous attend.

Le groom dépose ma valise dans le véhicule, je monte et nous partons. Il est 8h15.
– Euh… on récupère d’autres personnes?
– Non, non. On va directement au bateau. Mais on a changé le programme. En fait, on va faire le chemin inverse. On part du point le plus loin pour revenir vers Ho Chi Minh.
– Ok, pas de problème.
– Donc, on a une route un peu longue aujourd’hui au lieu du jour du retour. On devrait arriver dans quatre heures.
– Très bien.

En minibus à  Ho Chi Minh, vers le Mekong

Le paysage change très vite. L’urbanisation laisse aussitôt place à des champs et des rizières. Mon guide explique, dans un bon français, la région que nous traversons. Cette région qui vit avec un fleuve: le Mékong. Tout est basé dessus. Parti de Chine, environ 4500 kilomètres plus haut, il traverse le Myanmar, le Laos, La Thaïlande, se divise en deux au Cambodge et éclate en neuf bras et innombrables canaux au Vietnam. L’économie de la région vit des activités fluviales. La production rizicole est colossale. Il y a jusqu’à trois récoltes annuelle et la disponibilité par habitant et par an en riz est de 147kg, une des plus importante du monde! Le delta fournit 40% de la production alimentaire et nourrit le sud et le centre. D’ailleurs, à un moment, monsieur Kinh arrête le chauffeur devant une rizière où travaillent des femmes. Travail à la main, dans la boue, elles plantent des petits bouquets de chaume les uns après les autres. Le travail doit être pénible et fatigant. Les femmes ont pourtant un certain âge…

Rizières dans le Mekong

Rizières dans le Mekong

Rizières dans le Mekong

Nous repartons.
Le paysage me fascine. Je le dévore des yeux. Maisons en bois, maisons sur pilotis, bras du fleuve, vieux ponts coloniaux, statues votives en déplacement, jeunes femme en ao-dai sous un parapluie, écoles, ponts ultra modernes, fermes piscicoles, maisons en tôles, cafés, végétation (parfois très dense), immenses publicités en bordure de la route, des motocycles taxis…

Sur la route vers le Mekong

Sur la route vers le Mekong

Sur la route vers le Mekong

Sur la route vers le Mekong

Sur la route vers le Mekong

Sur la route vers le Mekong

Quatre heures plus tard, on me demande de descendre car nous n’allons pas plus loin avec la route. Pendant le trajet, j’ai déjà aperçu de nombreuses fois le fleuve. Là , je suis un inconnu qui porte ma valise sur un chemin étroit, juste au bord de l’eau. Je peux voir cette couleur beige, cette opacité qui, si la surface ne brillait pas avec les reflets du soleil, ferait croire qu’il s’agit d’une route de terre, solide. Monsieur Kinh est juste derrière moi.

Sur le Mekong, à  Can Tho

– On va prendre un petit bateau pour traverser ce bras et rejoindre le bateau.
Le petit bateau n’est pas si petit… il peut contenir au moins quinze personnes si je compte les sièges (des petites chaises en bois posées en rang mais peu stables…) Nous sommes sur un bras assez large. Le vent et des vaguelettes font que je suis arrosé plusieurs fois. Je me dis alors que ce Mékong est plutôt agité. Parmi tous les bateaux qui passent ou qui mouillent, il y en a un vers lequel nous nous dirigeons. Sans bien comprendre au début et me disant que c’est un des nombreux transports nautiques que je vais voir, je me dis que celui-ci, aux allures traditionnelles, en bois foncé est beau et plutôt grand. Il était mouillé ici. Vous pouvez jouer avec le zoom de la carte pour apercevoir le bras. Le cap se maintenant, je finis par comprendre que c’est bien lui qui va me transporter. Il est plutôt grand. 19 mètres de long, 4 mètres de large et son standing me saisit. Il s’agit d’un beau bateau. Tout de suite, la croisière prend forme: wow! trois jours sur ça?!

Sur le Mekong, à  Can Tho

Sur le Mekong, à  Can Tho

Sur le Mekong, à  Can Tho

La Palanche sur le Mekong

La Palanche sur le Mekong

La Palanche sur le Mekong

L’équipage est sur la jupe pour m’accueillir, tous se relaient pour passer la valise et me tendent une main pour que je monte sans passer à la baille. Ils sont cinq, tout sourire.
– Je vais vous montrer votre chambre me dit monsieur Kinh.
– Je vous suis.
Ma valise est déjà devant la porte. Ma cabine est vers l’avant, juste devant la barre où j’aperçois le capitaine. Je ne vois personne d’autre.
– Où sont les autres voyageurs?
– Il y a que vous.
– Que moi?
– Oui, oui.
– Que moi sur un tel bateau? On ne va récupérer personne entre temps?
– Non, non.

Je suis sidéré et ravi. J’ai mon bateau avec mon équipage! Trop fort!
– Venez, le déjeuner est prêt.

La Palanche sur le Mekong

Déjeuner sur La Palanche sur le MekongUne des tables de la salle à manger – par laquelle on monte à bord – s’est vue équiper de vaisselle, boisson, rouleau de printemps. Magnifique! Suit une crêpe à la vietnamienne (je pensais que c’était fini avec les rouleaux), puis des nouilles sautées avec des légumes, puis un ananas puis du thé! Sans que j’ai le temps de lever mon bras pour demander quelque chose, un des membres est déjà à la table pour m’apporter un plat, du thé… j’ai mon serveur.
– Ca vous a plu? s’enquit monsieur Kinh.
– C’était délicieux! Mais il y en avait trop. Pas besoin de tant de choses.
– C’est normal, c’est normal. Ne vous inquiétez pas. Voici le cuisinier. C’est lui qui prépare vos repas.

J’ai aussi mon cuistot! C’est incroyable! Je suis aux anges, traité comme un prince.

Le bateau à six chambres doubles ou triples, des lits, l’air conditionné, les toilettes et salle de bains privé, l’eau chaude… dingue! Ce sampan (certes il a perdu sa voile) est aménagé avec tout le confort pour des croisières assez longues. On peut même aller sur le toit où se trouvent des chaises longues pour bronzer ou contempler le merveilleux paysage qui m’entoure à perte de vue.

Le toit de La Palanche

Vue du bateau La Palanche sur le Mekong

La bateau La Palanche sur le Mekong

La bateau La Palanche sur le Mekong

Une partie de l’équipage du bateau La Palanche sur le Mekong

La bateau La Palanche sur le Mekong

Nous nous trouvons en fait à Can Tho. Minsieur Kinh m’emmène voir une carte maritime du delta (voir la première photo) pour m’expliquer notre périple: les destinations, les activités, les mouillages… Je hoche de la tête ne sachant que faire d’autre. Tout est prévu, je me laisse guider. Aujourd’hui, le bateau ne se déplace pas. Nous pouvons donc aller visiter Can Tho. Après une petite sieste (j’ai bien accumulé la fatigue moi…), nous prenons l’annexe pour aller jusqu’à la terre ferme. Cette « traversée » me donne un petit aperçu (de loin) du paysage qui m’attend sur les trois jours à venir: une activité complètement basée sur le rythme du fleuve. C’est impressionnant!

Le delta du Mekong, Can Tho

Le delta du Mekong, Can Tho

Le delta du Mekong, Can Tho

Le delta du Mekong, Can Tho

Le delta du Mekong, Can Tho

Le delta du Mekong, Can Tho

Maison coloniale, Can ThoEn fouinant dans le Routard, je m’aperçois que Can Tho n’a rien d’excitant mis-à -part une pagode khmère que je souhaite visiter. Monsieur Kinh m’y emmène. La pagode (Munirangsyaram) vaut un petit détour, quelques maisons coloniales aussi et c’est tout! Le marché couvert est trop moderne et manque totalement de charme. Les rues sont plus intéressantes comme dans tout le pays: les magasins, les passants, les commerçants… M’enfonçant dans une rue à l’arrière d’un axe important, histoire de découvrir la ville « cachée » et parce que je suis toujours partant pour sortir des sentiers battus, je tombe sur une chanteuse dont la sono impressionnante est installée sur sa moto. Elle chante vigoureusement sous le regard des gens. Comme je veux aussi prendre des photos de son public, je me retourne et une des femmes part en courant – ne voulant pas être photographiée – dans le rire général de la rue. On la voit se réfugier au fin fond de son magasin et tout le monde hurle de rire de la voir détaler aussi rapidement. Cela crée une ambiance globale très sympathique qui me permet de prendre l’assemblée en photo. Le rire n’a ni frontière ni barrière et je raffole de ce genre de moments.

Maison coloniale, Can Tho

La pagode khmère Munirangsyaram

Les rues de Can Tho, Mekong, Vietnam

Les rues de Can Tho, Mekong, Vietnam

Les rues de Can Tho, Mekong, Vietnam

Les rues de Can Tho, Mekong, Vietnam

Les rues de Can Tho, Mekong, Vietnam

Les rues de Can Tho, Mekong, Vietnam

Les rues de Can Tho, Mekong, Vietnam

Les rues de Can Tho, Mekong, Vietnam

De retour sur le bateau, un apéritif m’attend. Il s’agit de l’alcool local – à base de riz – mélangé à du jus d’orange. Boisson plutôt costaude, il l’accompagne de petits raviolis fris fourrés à la viande. Le régal continue. Sur ce bateau traditionnel en bois, assis sur ce canapé, cet apéritif, le capitaine derrière moi, sur ce Mékong, je me détends complètement. Le bonheur est grand, le moment délicieux.
La danse des nuages se fait plus frénétique en raison du typhon qui frappe le pays. Avec la lumière qui diminue, le ciel se noircit et devient très menaçant. J’ai cependant réussi à passer entre les gouttes malgré cette perturbation atmosphérique inquiétante. La saison des pluies se termine en spectacle son et lumière. A voir ces grains violents, à grosses gouttes qui tombent brusquement, nous comprenons aisément que les tropiques ne sont pas loin. Cependant, l’ambiance far niente de la croisière m’incite à prendre mon temps, à me détendre. Je bouquine alors que le dîner se prépare. Mon serveur remplit mon verre dès qu’il est vide, déplace mes coussins si je change de siège ou canapé… je n’ai jamais voyagé comme cela!

Le fruit du dragonLe dîner est encore meilleur que le déjeuner. La qualité des mets est exceptionnelle. Je deviens un peu plus accro à la nourriture vietnamienne que j’adore déjà . Chaque bouchée apporte son lot de saveurs qui se succèdent les unes après les autres dans la bouche. La richesse excite le palais et réveille les papilles avec bonheur. Le dessert me permet de goûter enfin ce fruit qui semble être d’une autre planète: le fruit du dragon. Ce végétal au coeur blanc tacheté de pépins noirs sous sa peau fuchsia magnifique se mange facilement. Il est bon même si on attendrait presque un parfum inouï et surprenant eu égard à sa forme et à ses couleurs.

Dîner sur La Palanche, Mekong

Après extinction des feux, je contemple les lumières du delta de ma fenêtre dans le ronronnement du moteur. Bateaux qui passent, chiens qui aboient au loin, humidité tropicale, je suis sur le Mékong, je suis au Vietnam!

Le delta du Mekong de nuit…

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6 comments

  1. (version française:)
    Ouin Monsieur ne s’en fait pas, un yach avec équipage et serviteurs…
    (version US:)
    Mais y’a pas la télé sur ce bateau?????????????????

    En tous cas, WOW le plan de folie!
    Euh.. tu l’as vécu ou tu l’as rêvé? Voyage extraordinaire dans un autre monde. Même moi qui suit absolument non initié à  cette ambiance me surprends à  être fasciné par l’ambiance et les détails.
    Fabuleux voyage… Avoue que si tu n’avais pas tes photos tu de demanderais si tu as vraiment vécu tout ça 😉

  2. Ah oui comment j’ai pu oublier…

    La photo de la cycliste en bleu est… extraordinaire.

    Il y a une raison qu’il y ait autant de bleu ? (devantures, vêtements, assiettes, bateaux…)

    La présentation des plats est aussi exemplaire que semble l’être la cuisine

    J’hallucine complètement, ça doit faire 5 fois que je relis, chaque mot, chaque image m’interpelle… Bravo patron !!!!

  3. Merci Gil! 😀
    Je ne sais pas pour le bleu… je n’ai pas cherché.
    Pas de TV, looool. mais c’est vrai que ça avait un côté assez magique, avec le décor en plus…

  4. incroyable
    merci de nous faire partager ce moment de reve
    j attends la suite avec impatience
    ludo

  5. Ben mon cochon rien que toi !!!! je n’ose imaginer si vous étiez plusieurs, quelle chance, le reportage est excellent, on le dévore, j’ai de la chance tu as publié le 11 j’y vole 😉

  6. Je viens seulement de lire cette journée (un peu occupé). Tout seul sur un bateau comme client. Le bonheur absolu quoi! Splendide reportage et naration comme à  l’habitude, et comme le Mo² je passe directement à  la journée suivante.

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