Je me réveille à 7h30 pour aller prendre mon petit déjeuner. Comme j’avais bien aimé le buffet le premier jour, j’ai bien envie de le goûter à nouveau. Mais il ferme à 9h. Se pointer au dernier moment est toujours possible mais si c’est pour tomber sur des plats à moitié vide ou plutôt la moitié des plats qui manquent, c’est pas cool…
Pour ma dernière journée à Ho Chi Minh (qui plus est au Vietnam), j’ai décidé de louer un vélomoteur pour me déplacer et pour me fondre dans cette masse mouvante et polluante des deux roues. Après m’être préparé et assuré de ne rien avoir oublié dans ma chambre, je vais déposer ma valise au comptoir et demande à la réceptionniste où je peux louer un vélomoteur, une mob’ quoi! Regard embêté de cette femme.
– Non mais la personne qui était là lundi m’a dit qu’il y avait un magasin… vous pouvez me dire où je vais trouver ça s’il vous plaît.
Elle m’invite à m’asseoir pendant qu’elle passe des coups de fil je ne sais où.
Elle me fait signe cinq minutes plus tard et me donne deux adresses sur un bout de papier.
– Euh d’accord mais c’est où?
Sur mon plan, elle me montre le quartier où je veux justement me rendre, en vélomoteur! Je sors de l’hôtel pour chercher un magasin. Je ne peux pas croire qu’il ne soit pas possible de louer cet engin dans le coin. Je ne peux pas! Je pense alors à aller dans l’hôtel à côté – la même entreprise que mon hôtel – l’hôtel Bat Dat pour voir. Je discute en anglais et en vietnamien (hum, hum) avec deux femmes derrière le comptoir et un agent de sécurité qui m’a accompagné depuis l’entrée. Il intervient au bout de quelques minutes:
– La journée? Vous êtes à l’hôtel? Vous avez votre passeport?
– Attends… oui – non – oui! Euh, c’est bon? je ne me suis pas trompé dans les réponses?…
– Ah ok! L’hôtel Arc-en-ciel? Ok! Je vous loue le mien.
– Pardon? Votre quoi?!
– Je vous loue mon vélomoteur?
– Ah bon?! Vous n’en avez pas besoin?
– Non, non, ça va.
– Et c’est combien?
– 10$
– …
Bon, il en profite pour se faire une petite commission mais il me rend bien service et m’évite des kilomètres de recherches qui aurait pu être infructueuses.
– Ok, ça marche!
Il me passe les papiers, la réception prend mon passeport et je pars affronter le champ d’astéroïdes sur mon vaisseau!
Au Vietnam, on se mêle à la foule non pas en marchant mais bien en conduisant ce moyen de locomotion! Je retrouve les sensations que j’avais connues à Hanoi il y a cinq ans. J’adore! C’est éprouvant, il faut être très attentif mais ce n’est jamais dangereux. Même au milieu des carrefours avec des objets roulants identifiés arrivant de toutes parts. La place de l’Etoile, c’est une cour de récréation de maternelle à côté! Je remonte vers le nord-est, en direction du centre ville qui est en fait assez loin. L’ambiance change doucement. L’architecture aussi. Le public beaucoup. J’ai déjà décidé ce que je veux voir: des avenues, des rues commerçantes, la cathédrale, la poste, l’hôtel de ville, le marché Ben Thanh et on verra après en fonction du temps qui reste.
Les grands bâtiments sont kitschissimes. Le style est vraiment étonnant et semble presque sorti de nulle part, tellement la différence est grande avec l’architecture vietnamienne d’après ce que j’en ai vu, d’après ce que j’en connais… On croirait voir le Cirque d’hiver à Paris, en plus propre! Les « Champs-Elysées » – Nguyen Hue, l’avenue Le Loi me frappent par leur étalage d’argent et de buildings. Gucci, Louis Vuitton, Burberry… tout y est et s’affiche avec l’indécence commerciale que nous leur connaissons. En venant du quartier chinois où j’ai passé deux jours, le contraste est violent voire même choquant. Non pas que ce soit un quartier pauvre, c’est un quartier bien plus modeste et amusant pour son authenticité. Le Vietnam n’est pas un pays riche (parmi les plus pauvre?) et cet étalage de luxe me gêne, me chiffonne. Comme si ça ne collait pas. Sans parler du fait que je sois dans un pays communiste, basé sur le commerce de famille, local, donc intime. Avec ces rouleaux compresseurs du luxe froid et standardisé, je tremble pour l’avenir du pays… et du monde!
L’autre chose qui me gène dans ce quartier, c’est la quantité de touristes. Il y en a trop et cela modifie aussi l’atmosphère. Tout d’abord, j’ai l’impression d’être dans un circuit organisé qui foule et refoule des sentiers battus et ensuite, – comme à chaque fois – les locaux sont plus agressifs. Etonnant… 🙄 le contact avec les occidentaux en short développe l’acerbité. Déceptions. Autre grosse déception: le marché Ben Thanh. Celui du quartier chinois visité 5 jours plus tôt est bien plus authentique. C’est le même principe: un grand bâtiment abrite plein de commerces regroupés selon leur marchandise. Trop touristique, je fuis l’endroit…
Le sport national, traverser la rue…
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Je préfère aller dénicher une pagode difficile d’accès ou une mosquée indienne où je suis sûr de ne trouver que des locaux. Je file donc à la pagode de l’empereur de jade très active avec ses fidèles. Encens à la main, les visiteurs défilent d’autel en autel, prient avant de planter le nombre de bâtons qu’ils souhaitent en fonction de l’importance qu’ils accordent à l’image ou encore font tinter la cloche d’une statue équestre avant de frotter une partie de l’animal puis se passer la main sur le corps (généralement la tête) avec conviction pour prévenir ou soigner ses maux comme je peux l’imaginer. Le complexe est composé de plusieurs cours les unes derrière les autres ainsi que deux sur le côté et une dernière au premier étage. Chacune à une divinité (?) différente. Je retrouve complètement l’architecture chinoise et ce n’est pas pour rien avec ce temple construit par une congrégation de chinois en 1909. La mosquée indienne (indienne?!) est beaucoup plus calme. Cet ensemble blanc et vert pâle avec son minaret juste derrière le Sheraton a quelque chose de frais et d’exotique dans ce quartier actif et excité.
Un peu plus tôt, j’avais laissé mon vaisseau urbain dans un parking, ce qui est obligatoire ici. Sur le trottoir, la police embarque parait-il… Quand on voit la difficulté de marché sur le trottoir en ville (Hanoi, Ho Chi Minh) en raison du nombre de vélomoteurs, j’ai des doutes. Il faut marcher la plupart du temps sur la rue car la progression est impossible sur le trottoir: 80% de vélomoteurs, 16% de personnes à une table jouant, discutant, ou mangeant et 4% de voitures… En soit, c’est folklorique, en fait, c’est dangereux. Les vélomoteurs passent tous près de soit et l’inquiétude de se faire arracher l’appareil photo par des gens au guidon ne me quitte jamais. Mais on se débrouille.
Pour mon dernier repas vietnamien de ces vacances, je veux absolument manger des nems. Encore! J’ai repéré un restaurant dans un guide et je me suis garé justement à côté, pas loin de la mosquée et du théâtre municipal. Wrap & roll est très new-age, nature, bio avec du vert et de l’orange et des matières douces comme le bois. Pas super authentique mais excellent. Je me régale et découvre qu’il existe trois types de ces rouleaux fris que j’aime tant: le style du nord, du centre et du sud. La différence se situe au niveau de la sauce et de la garniture. Je prends aussi des rouleaux au porc grillé et je termine par deux desserts: un sinh to, cette boisson au mélange de fruits et de lait ou yaourt que j’adore et un Chi Dau Xanh pour l’expérience gustative du jour. Ce dessert est composé de lait de coco épais avec des pois ou haricots et d’autres choses que je ne connais pas. Intéressant.
Le théâtre municipal est d’un kitsch tout aussi fidèle aux autres bâtiments publics. Seul le Palais de la Réunification, dans un style bien soviétique, semble correspondre à l’image d’un bâtiment communiste habituel. Les autres, avec leur style néo-colonial tarte à la crème au beurre d’un pâtissier maghrébin à Paris font sourire et me plaisent même si je n’en comprends pas l’architecture.
Comme au Japon, la nuit tombe rapidement. Très vite, je ne peux plus faire de photos. Je me décide alors à visiter la rue commerçante Dong Khoi, mentionnée dans le Routard. Il y a de magnifiques boutiques de vêtements en soie. Je retrouve même Khai silk que j’avais découvert à Hanoi il y a cinq ans. Je tombe aussi sur un magasin du même genre Liberty silk, qui propose une collection pour femme vraiment originale avec des matières et des couleurs très bien arrangées. J’en regrette même de ne pas être une femme pour m’acheter quelque chose car la collection pour homme est d’une platitude déprimante en comparaison. C’est vrai pour les autres magasins. Cette rue est parallèle à Nguyen Hue que je n’aurai pris qu’en deux roues finalement. J’aurai cependant marché dans Loi Le, une avenue tout aussi énorme et sans charme. En effet, je l’ai empruntée pour aller au marché Ben Thanh.
Je compte mes dernières heures à Ho Chi Minh, au Vietnam… Comme j’ai envie de repartir avec des souvenirs comestibles pas possibles, je vais dans un supermarché qui se trouve au premier étage du grand magasin Tax. Obéissant, je me mets dans le parking du complexe après avoir demandé à un portier. Il n’y a pas de voiture. Aucune! Seulement des vélomoteurs. C’est hallucinant. Je ne peux compter le nombre mais on doit être à plusieurs milliers… Faire fortune au Vietnam? Ouvrez un parking à Saigon! Vous comptez 500 clients par jour (il faut bien commencer avant d’atteindre le millier 😉 ) que vous facturez à 3000 dongs. Ca fait 2810$ par mois… une fortune immense pour le salaire moyen… Bon c’est vous qui voyez! Bref, je me trouve un place quasiment à l’entrée du magasin. Je n’osais l’imaginer devant l’océan de deux roues qui s’étale devant moi au fur et à mesure que je pénètre dans l’abri. Je me voyais déjà aller à l’autre bout (je n’ai pu distinguer la fin…) du hangar pour trouver une pauvre place et je me serais perdu en chemin…
Tiens encore un événement au rez-de-chaussée. Ce coup-ci, pas de chanteur. Ca ressemble à une loterie. Il y a une bonne ambiance. Les gens rient de bon coeur, c’est amusant. Je monte et visite le rayon alimentation. Bon, je n’aurai pas fait de musée mais des visites de commerce… Ah ben oui, j’aime me fondre dans la masse locale que voulez vous… 😳 Il y a plein de choses étonnantes qui ne coûtent rien du tout à nous autres développés avec nos monnaies d’échange (€, $, Â¥). J’essaie aussi des boissons dont une à la framboise que je ne peux terminer. Celle au fruit de la passion ne fait pas long feu! J’emplis mon panier de fruits séchés, de noix de cajou ou sésame caramélisés, de soupes instantanées. Ca va être funk pour prendre l’avion avec mes sacs en cabine… Là encore, je vais faire local… Le temps passe très vite à découvrir toutes ces denrées étonnantes. Je dois rentrer rapidement, le temps de rendre le véhicule, de récupérer ma valise, de prendre le taxi avec tous mes paquets…
J’arrive d’ailleurs plus tard que je ne l’avais prévu. D’abord parce que Cholon (le quartier chinois) est loin et ensuite parce que la circulation est infernale!
J’arrive cependant à l’aéroport à 21h30, juste deux heures avant mon vol pour Tokyo. Je passe la douane avec des sueurs froides car j’ai oublié de mettre ma bouteille de miel dans ma valise, en soute. Avec notre monde de terroristes et de paranoïaques, aucun liquide de plus de 100ml n’étant admis pour passer les rayons X de la douane, je pleure sur la bêtise et ma tête en l’air. L’homme devant se voit ouvrir son sac et se fait prendre une bouteille de sauce piquante… je suis cuit! Je me fige… plisse les yeux… m’apprête à sortir ma bouteille en larme… rien! Je passe! Youpi! Je ramène mon miel!
L’arrivée à Tokyo est à 7h du matin heure locale, je ne peux donc pas beaucoup dormir. Tout d’abord en raison de la durée du vol (5h30) mais surtout parce que les typhons m’aiment… en effet, le n°15 (c’est moins poétique au Japon, on ne leur donne pas de nom…) frappe la Chine et le sud du Japon… en plein sur notre course! L’avion est très sérieusement secoué. Il ne s’agit pas des turbulences habituelles… même l’équipage est tenu de rester assis, ceinture bouclée!
Tant pis pour ma gorge assoiffée. Après avoir revisité la publicité Orangina jusqu’à l’overdose, on atteint sans problème notre destination. Mon grand tour est fini… résignation.
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C’est fou toute ses Motobylettes, incroyable, apparemment pas de Motos? Je suis Motard mais je me demande si j’aurais eu l’audace de rouler dans cette cohue organisée? de 2 roues. Encore bravo, c’est sympa de lire de découvrir tes sentiments sur cette journée, vraiment un réel plaisir cette aventure merci et vivement le prochain
bravo encore pour ton exploit : traverser la rue!!
Et surtout un grand bravo pour ton pano de la poste centrale.
Très intéressant cette journée quasi « commerciale », contraste saisissant par rapport aux jours précédents. Je retrouve des « repères », des flash de pales copies découvertes dans les profondeurs des quartiers asiatiques de New-York, Montréal ou Toronto.
Toujours aussi hallucinant la déferlante de cyclomoteurs, quand je pense que le 2 temps est en train d’être interdit partout en occident… mais comme toujours l’industrie des pays « développés » a obtenu de déplacer ses usines vers les pays moins développés, parceque la pollution là -bas compte moins parait-il.
Intéressante visite architecturale (beau pano)… puis la traversée de la route est… terrifiante! Et les trottoirs sont aussi occupés ? wow !
Et je me retrouve en territoire très familier avec cette angoisse de prendre l’avion, non pour le vol mais bien pour la fouille et la depossession quasi systématique à l’accès du saint lieu qu’est un aéroplane. Superbe la dernière photo, on a encore droit aux apn en avion ?
Immense merci et bravo pour cet exotissime voyage !!!