Bon, l’hôtel est correct. J’arrive à dormir. Je suis au dernier étage et il y a quelques maisons en bas, du côté de ma fenêtre. Le soir, c’est le cochon qu’on égorge, le matin c’est le coq. A chacun son heure… mais ça ne me dérange pas trop et puis ça me permet d’être debout assez tôt pour attaquer les temples avant les masses de touristes. Je me prépare rapidement pour partir vite. J’ai décidé d’aller à Angkor Wat si je pars suffisamment tôt. J’y arrive un peu avant neuf heures.
En voyant la circulation, je comprends qu’il y a déjà du monde et en contournant le temple, je réalise sa taille. Déjà tout le complexe est immense. J’ai fait presque cent kilomètres la veille, mais Angkor Wat à lui seul couvre aussi plusieurs hectares. L’entrée est du côté ouest et je n’étais pas passé devant la veille, puisque j’étais de l’autre côté, à l’est et au nord-est (voir le plan). De loin, cette entrée est très imposante. Un long pont passe au dessus des douves larges qui encadrent le mur d’enceinte qui semble bien loin malgré sa taille. Angkor Wat – ou la ville pagode – a été commencé au XIIe siècle et la construction dura trente-sept ans. Il est dédié à Vishnou et le mur d’enceinte représente la chaîne du mont Neru (plus connu sous le nom de Kailash), le centre de l’univers hindouiste. Une fois passé, on se retrouve dans l’enceinte avec le temple et ses trois tours au loin. Là encore, une chaussée – continuité du pont – nous emmène jusqu’au temple. Vraiment grand(iose)! Le soleil cogne déjà et la luminosité sur les pierres usées éblouit. Je visite enfin cet endroit mythique!
Il y a quand même beaucoup de monde, mais je n’y peux rien. Je dois juste patienter un peu plus pour avoir des clichés sans personne et cela est souvent impossible. Je me rapproche doucement. Je sais que m’attendent les ultra-mega-famous-connus bas-reliefs des murs de la deuxième enceinte. Deux mètres de hauteurs sur deux cents mètres de long en quatre portions de chaque côté. Ca fait huit cent mètres de bande-dessinée, une oeuvre colossale et étonnamment conservée. Toute l’histoire des divinités hindoues: Râvana, Râma… Une partie raconte aussi le Mahâbhârata. Quand on passe une des portes, on se retrouve dans le sanctuaire, l’image la plus connue d’Angkor. Imposant, cela est indéniable. Les dimensions de tout ce temple imposent leur puissance et la démagogie de son ordonnateur – le roi Suryavarman II – voulait laisser son empreinte tel Ramses (ou Mitterrand ) et ses fidèles – ou ennemis – devaient développer un grand complexe d’infériorité en pénétrant dans les enceintes. (Ajout: je vous conseille cette vue satellite pour comprendre l’échelle du complexe.)
Ce que j’apprécie – malgré le monde – est la plénitude que procure la promenade dans ces murs. Ils invitent au recueillement et à la contemplation. Je reste ainsi trois heures à me faufiler, chercher des endroits plus calmes. Ceux-ci sont d’ailleurs occupés par quelques personnes qui se reposent, lisent (Nathalie Sarraute et le Silence) loin des masses qui défilent. Mon grand plaisir est de passer des portes, d’un endroit sombre à l’extérieur comme pour être ébloui à chaque fois.
On croise deci-delà des moines assis sur les linteaux qui permettent de prendre des clichés mythiques.
En mouvement et en ambiance, voici un petit film fait avec mes pauvres moyens de réalisation. Une balade dans les murs. (6 minutes)
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Je me décide enfin à bouger pour me rendre à Angkor Thom, à un kilomètre et demi au nord d’Angkor Wat. Avant de quitter ce dernier, je me pose à une table d’une des buvettes à l’intérieur de la première enceinte pour goûter une noix de coco fraîchement coupée de son arbre. Saveurs.
Angkor Thom est un autre complexe qui semble très grand, plus grand même, et composé de plusieurs temples. D’ailleurs, on pénètre la ville par une sublime porte mystérieuse ornée de visages magnifiques. Là encore, je suis très impressionné mais pour le côté mystérieux qui émane de ce visage doux. La porte est très étroite et les bus ne peuvent pas entrer, ce qui est une excellente chose. Il faut cependant attendre que les véhicules à contresens passent car un seul véhicule à la fois peut passer.
Je continue vers le nord et distingue le Bayon, le point le plus proche de l’entrée sud. Le temple grandit à mesure que je me rapproche et suis complètement saisi. Je subis un vrai choc qui me laisse échapper des J’y crois paaaaaas! ou des Naaaaaaan!… C’est tout à fait incroyable.
C’est LE temple absolu! Oui, j’ai déjà dit ça mais là, ça écrase tout! C’est vraiment fou! Des tours – il ne s’agit pas là de trois tours comme à Angkor Wat mais plusieurs! – revêtues de quatre visages, pour chaque point cardinal. Trente-sept tours – il y en avait cinquante-quatre à l’origine – donc cent quarante-huit visages! Je n’en reviens pas! Sublime et majestueux. Ce coup-ci, j’entre sur la pointe des pieds de peut de réveiller ces visages octocentenaires.
Je découvre rapidement qu’il s’agit d’un véritable labyrinthe avec plusieurs niveaux et passages les reliant. On se perd facilement. Et justement, se perdre est le meilleur moyen pour le visiter! J’erre donc et déniche des angles de vue de folie en passant par des endroits, en levant la tête, en tournant à gauche ou au bout d’un couloir. J’hallucine complètement sur l’endroit. Je suis euphorique. Il me semble avoir trouvé mon temple favori car difficile à battre… à suivre! 😉 Là aussi, je reste longtemps et décide d’ailleurs à ce moment même de revenir au moment du coucher du soleil. Là aussi, peut-être plus encore qu’à Angkor Wat – je trouve moins de monde – le recueillement, le repos et la contemplation font partie intégrante de la visite. Je prends tout mon temps.
Au nord du Bayon se trouve un endroit qui devait être particulièrement saisissant à l’époque en raison de ses dimensions. Le Palais royal est entouré de la terrasse des éléphants et un peu plus au de la terrasse du roi lépreux. Ces routes qui mène aux temples ou aux palais sont assez hautes et superbement sculptés sur leurs flancs. La promenade vaut le détour. Je pénètre aussi le Baphuon, un temple montagne du XIe siècle. L’endroit ne me convainc qu’à moitié car très abîmé et très sérieusement en rénovation, peu approchable en raison de l’infrastructure des travaux (entrepris pas la France d’ailleurs.) La route qui mène au temple est tout de même étonnante car constituée de colonne et il est possible de passer en dessous, ce qui donne une perspective intéressante.
Je rentre à l’hôtel rapidement, passe à l’agence Osmose – que j’ai du mal à trouver – pour la visite du lac Sap (Tonle Sap) avec son village de pécheurs au sud de Siem Reap. J’avais prévu de visiter le coin avec eux le 2 janvier mais comme je suis seul, il me faut rejoindre un groupe. Je pars donc le lendemain (le 29). Le Routard les recommande bien qu’ils soient chers , mais une partie de l’argent est versée au village de pécheurs et à l’enseignement des enfants de ce village. C’est donc une excellente cause et ils prennent en charge tout la journée. Le rendez-vous est fixé pour six heures, le lendemain matin, devant mon hôtel.
Je retourne ensuite au Bayon en guettant la lumière du soleil qui baisse. J’aurais voulu arriver un peu plus tôt. Pas grave, j’y retournerai! La lumière rasante et jaunissante rend le décor encore plus beau, comme si cela était possible… En m’y rendant vers dix-sept heures, je réalise combien il est important de visiter un temple comme Angkor Wat le matin. La foule qui entre et qui sort est tout à fait colossale! 😯 Il y a aussi une circulation importante qui sera double à mon retour, dans le noir, bien après le coucher… Il y a des embouteillages pour quitter le complexe qui ont de quoi énerver. En moto, je peux m’en échapper très facilement et cela est très appréciable.
Voici une autre vidéo de mes déambulations dans le Bayon. Je pense que malgré la réalisation – là encore complètement en amateur – cette séquence montre bien le choc ressenti au moment de ma première visite, de ma fascination pour le lieu. (6 minutes)
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Et puis pour le plaisir, un coucher de soleil sur le Bayon. Montage fait uniquement à partir de photos. (1 minute)
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Douche à l’hôtel (= décrassage ) et je ressors. (Je ne tiens pas en place!) Je souhaite essayer un resto-bar du quartier animé. Je trouve le Tigre de papier à l’ambiance coloré et sympathique. Je goûte une salade à la fleur de banane qui est excellente et des nems (et oui…) qui sont bons. L’endroit est agréable et je m’y repose.
Distance parcourue: 60 kms
Superbe visite, grandiose promenade. C’est visiblement Kolossal !!! Incroyable le nombre de sculpture, les bâtisseurs qui ont construit ces temples attestent encore là de la puissance de cette civilisation passée.
Les raz-de-marée de touriste… On a beau en faire partie c’est toujours agaçant de se trouver dans une concentration importante.
Une question m’effleure, je pense que tu comprendras ce que je veux dire, face à ces lieux on en sort tout petit ou grandi ?
Puis tu fais comment pour la moto quand tu n’es pas dessus ?
Les heures de travail valent le coup, c’est vraiment passionnant à lire!
wow, quel carnet de voyage … ces images, pfiouuu … bon. j’accroche particulièrement la #156 partie gauche. et les videos, elles m’ont donné l’impression d’être sous l’eau. terrible avec la soundtrack. et quand on sait combien la vue sur photo/video peut être applatie en comparaison de la vue directe, on se dit que tu as vraiment dû en prendre plein les yeux … o/
>Gil
Les deux mon capitaine. Tout petit face à la taille des lieux – quoique je pense qu’on se sent plus tout petit face à des éléments naturels, mais grandi d’avoir visité la chose, senti la chaleur des pierres contre soi, constaté que la foi soulève des montages et bien que je ne sois pas croyant, comme je l’ai dit dans mon journal, ça invite à la méditation et au recueillement car la présence des divinités ont inspiré les bâtisseurs.
>Eru
Merci pour le message. 😉
>James
Merci. 😉
Clair que celle-là, je n’ai pas été le seul à la prendre… Je n’ai pas pu m’empêcher de me dire qu’ils venaient poser… mais pas tant que cela en fait… c’est aussi un moyen pour eux de rencontrer des gens et il est très facile de discuter avec eux.
Impressionant, fantastique, merci de partager ces moment beau tavail photo et d’écriture
Mo²
Tes photos rendent compte de la magnificence du Bayon.
C’est du boulot pour « l’homme pressé » que de nous faire partager ce beau périple.
Alors accroche-toi!!
On attend la suite.
Merci les gars. C’est gentil. Les très nombreuses heures de production nécessaires pour chaque message publié sont largement récompensées par vos adorables commentaires. Merci. 😳
Patron ! faut en faire un peu de pub de ton blog il est vraiment excellent on s’en lasse pas ! Continue
Quelle émotion. J’adore bien sûr TOUT, mais aussi tes émotions, tes exclamations, ta générosité autant que tes talents de photographe. Merci!
MF
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An occasional lucky guess as to what makes a wife tick is the best a man can hope for, Even then, no sooner has he learned how to cope with the tick than she tocks.